Hugo Clément a consacré une émission de la série documentaire « Sur le Front » aux réalités cachées de nos téléphones portables.
A travers une enquête approfondie, le journaliste nous montre en quoi ces petits objets devenus prolongement de nous-mêmes ont un impact considérable sur l’environnement. Alors bien sur, on a tous entendu parler de ces fameux métaux rares qu’ils contiennent ou encore fait l’expérience de leur obsolescence programmée. Mais connaissons-nous vraiment l’intégralité du cycle de vie d’un smartphone ? Savons-nous réellement comment fonctionnent les data centers et que les 250 installés en France consomment à eux seuls deux fois plus d’énergie que tout l’éclairage urbain du pays ? Comment circulent la transmission des données à travers le monde, nous imaginons un monde immatériel avec des ondes et des satellites ? Peut-on vraiment recycler les téléphones portables ?
Ce documentaire passionnant nous introduit au cœur de ces espaces hautement protégés, les data centers. Il nous conduit sur le terrain en Nouvelle-Calédonie dans les mines de nickel à ciel ouvert ou encore nous invite à remonter toute la filière du recyclage.
Au-delà du constat vertigineux qu’il fait, le documentaire propose des pistes de réflexion pour réduire l’impact économique et environnemental de nos chers téléphones portables. Il s’ouvre d’ailleurs sur une séquence où l’on entre dans un immeuble chauffé par la chaleur produite par des serveurs informatiques qui stockent nos données. On y découvre aussi des entreprises innovantes qui commencent à fabriquer des téléphones réparables par l’utilisateur lui-même ou encore des associations qui portent plainte contre les constructeurs mondiaux pour qu’ils se plient à certaines règles.
Pour visionner le documentaire « Les petits secrets de nos téléphones portables » (58 min) sur le site de France Télévision, cliquez ICI
Quelques chiffres en plus:
- Un téléphone portable effectue 4 fois le tour du monde pour sa fabrication.
- Pas moins de 70 matériaux sont nécessaires pour sa confection.
- Des métaux précieux (or, argent, palladium…) et rares (lithium, tantale, cobalt…), très couteux et difficiles à extraire.
- Il faut jusqu’à 150 kilos de matière pour fabriquer un téléphone portable qui pèse 150 grammes (32 kilos pour une puce de 2 grammes)
- Selon l’UNICEF, plus de 40 000 enfants travailleraient dans les mines du sud de la République Démocratique du Congo (surtout mines de cobalt et de coltan, minerais stratégiques que l’on retrouve dans les batteries et les condensateurs des smartphones).
En savoir plus: ICI
Quelques conseils d’utilisation responsable:
Greenspector, une société de conseil pour réduire l’empreinte environnementale du numérique, a réalisé un classement des applications de réseaux sociaux dont l’empreinte carbone est la plus élevée :
- TikTok (4,93 gEqCO2 par minute), dernier arrivé des réseaux sociaux, est celui qui détient l’impact carbone le plus élevé.
- Reddit (4,54 gEqCO2 par minute)
- Pinterest (3,53 gEqCO2 par minute)
- Snapchat (2,03 gEqCO2 par minute)
- Instagram (1,91 gEqCO2 par minute)
La moyenne des applications de réseaux sociaux se situe à 2,1 gEqCO2. les meilleurs élèves sont LinkedIn (0,75), Facebook (0,73) et YouTube (0,66). Le fil d’actualité Tik Tok a un impact carbone de 7,4 fois plus important que celui de Youtube.
Les tests de cette étude ont été réalisés avec un smartphone Galaxy S7 (sous Android 8) en faisant défiler le fil d’actualité de chaque application durant une minute.
Cette mesure correspond à 1,5% de l’impact carbone d’un Français qui est de 7 tonnes à l’année.
Greenpeace donne une série de conseils pour réduire notre pollution numérique concernant notamment les vidéos en ligne :
- Lorsque c’est possible, privilégiez le téléchargement au streaming. Pour la musique, privilégiez aussi le téléchargement, puis le streaming musical et en dernier recours les vidéos YouTube.
- Évitez d’utiliser la 4G le plus possible et connectez-vous au Wi-Fi dès que possible (la 4G consomme 23 fois plus d’énergie que le Wi-Fi .et donc émet d’autant plus de gaz à effet de serre).
- Visionnez les vidéos en basse définition et évitez les vidéos en 4K ou 8K.
- Pour des réseaux sociaux comme Facebook ou YouTube où il est possible de le faire, pensez à désactiver la lecture automatique des vidéos.
- Privilégiez les réparations et les téléphones reconditionnés au lieu d’acheter des appareils neufs.
Pour aller plus loin :
Si vous souhaitez en savoir davantage sur le monde « dématérialisé » du numérique et dissiper le mirage du cloud pur et éthéré, le livre de Guillaume Pitron, « L’Enfer numérique : Voyage au bout d’un like » aux éditions Les Liens qui libèrent est l’ouvrage qu’il vous faut:
« Quelle est la géographie de nos clics et de nos données ? Quels enjeux écologiques et géopolitiques charrient-ils à notre insu ? À l’heure du déploiement de la 5G, des voitures connectées et de l’« intelligence artificielle », cette enquête, menée durant deux ans sur quatre continents, révèle l’anatomie d’une technologie qui n’a de virtuel que le nom. Et qui, sous couvert de limiter l’impact de l’homme sur la planète, s’affirme déjà comme l’un des défis environnementaux majeurs du XXIe siècle. »