Il ne reste que deux mois pour visiter l’exposition Le temps de Giacometti (1946-1966) aux Abattoirs. Cette ambitieuse rétrospective consacrée à Giacometti, artiste emblématique du XXème siècle s’achèvera le 21 janvier 2024.
Saisis par notre plongée dans l’univers singulier de l’artiste, voyage rendu possible par la pertinence du cheminement que nous offre la scénographie de l’exposition, nous ne pouvons que vous encourager à ne pas manquer cet événement.
De salle en salle, on découvre le travail protéiforme et les chefs-d’œuvre de ce grand maître du surréalisme. L’exposition se concentre sur la période après-guerre et les années 1950 élargies lorsque l’artiste devient célèbre. La Fondation Giacometti s’est associé au musée et y contribue avec une centaine d’œuvres choisies de sa vaste collection.
Cette exposition immersive mêle sculptures, peintures, gravures, photographies mais également de nombreux documents d’archives; des clichés d’époques, des manuscrits qui mettent en lumière les liens que Giacometti avait tissés avec des intellectuels de son temps. Ce qui le rapproche de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Samuel Beckett ou encore Jean Genêt, ce sont les même préoccupations: la volonté de traduire « une condition humaine marquée par l’angoisse ».
Chaque salle offre au public une magnifique installation porteuse de sens. Dans la première, des petites sculptures sous cages de verre sont mises en perspectives avec des dessins réalisés sur les pages des revues Les Temps modernes ou Critique, on comprend comment le Giacometti existentialiste passe d’un support à un autre. Dans une autre, nous nous retrouvons dans l’intimité de son petit atelier de Montparnasse, rempli d’œuvres, grâce aux photos d’Henri Cartier-Bresson, de Man Ray, de Sabine Weiss…
Plus loin, la scénographie reprend une exposition de toiles, dessins et sculptures pensée par l’artiste lui-même à la galerie Maeght en 1951. Une autre salle est dédiée aux portraits peints et dessinés des années 1950, des toiles au caractère expressionniste dont les visages et les regards à la présence intense vous saisissent. Et parmi d’autres salles encore dont on a du mal à s’extraire, la reproduction du plateau de la représentation d’En attendant Godot de Samuel Beckett de 1961 avec la reconstitution de l’arbre sculpté par Giacometti.
Enfin, dans la nef du musée, magnifique salle aux dimensions imposantes, on retient son souffle en découvrant trois chefs-d’œuvre du sculpteur sous les voûtes de brique, dont la célèbre sculpture monumentale de L’homme qui marche.
Giacometti mais pas seulement
Dans le même temps, les Abattoirs présente également la collection de Daniel Cordier, donnée au Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou (Paris). Une exposition autour de celle du groupe surréaliste qui a eu lieu en 1959 à la galerie Cordier. Célébrant l’érotisme, elle a été imaginée par André Breton auteur du Manifeste du surréalisme (1924) et Marcel Duchamp.
Une pensée pour Marinette Cueco
Lorsque nous nous sommes rendus aux Abattoirs, le premier étage du musée accueillait encore des expositions d’artistes dans le cadre du festival de création contemporaine « Le Nouveau Printemps » qui s’est terminé le 12 novembre. Si nous revenons sur cet événement, c’est pour rendre un petit hommage à Marinette Cueco, artiste corrézienne qui vient de nous quitter à l’âge de 89 ans. Mais également parce que nous avons adoré la poésie de ses créations végétales et que nous resterons à l’affût des futurs événements qui les présentent.
L’artiste Marinette Cueco était une botaniste amateur érudite et décrivait sa pratique comme une continuité de la culture paysanne. La Corrèze était son terrain de recherche; c’est en marchant et par l’observation qu’elle cueillait son matériau de prédilection : le végétal. Par ses œuvres d’une apparente fragilité mais aussi d’une grande expertise, elle inventait une autre relation à la matière végétale. A travers son travail incroyablement patient et minutieux de tressage, de tissage, d’enroulement…, c’est aussi notre rapport au monde, au temps, à la nature et aux autres qu’elle continue d’interroger. Ne dit-on pas, tisser des liens, nouer une relation ?
On peut encore voir des œuvres de Marinette Cueco à la galerie UNIVER (6 cité de l’ameublement – Paris 11e) qui, suite à sa disparition, a décidé de prolonger jusqu’au 13 janvier 2024, l’exposition « Herbiers » qui lui est consacrée .
Voilà donc, pour les amoureux d’art, beaucoup d’émotion et de plaisir dont il serait dommage de se priver !
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