Nos amis de la Ligue des droits de l’Homme de Martel invitent le samedi 18 novembre la sociologue Fabienne Messica pour une conférence intitulée: « Féminismes et luttes des femmes dans le monde ».
Sur le fond de l’affiche de cet événement, on remarquera le buste d’Olympe de Gouges à l’Assemblée Nationale, première femme qui soit nommée dans cette institution.
C’est la première des 26 Rencontres de Martel qui est spécifiquement consacrée aux féminismes. Voici un résumé des différents thèmes qui seront abordés par la sociologue au cours de cette rencontre:
Les luttes des femmes pour leurs droits sont probablement aussi anciennes que l’institution du patriarcat instauré au moins 4000 ans avant notre ère, voire plus. Comme le montrent de nombreux travaux, il s’agit là d’un système universel dans les Etats nations certes, mais aussi dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs où pourtant la propriété privée n’existe pas. Si les oppressions/exploitations des femmes varient selon les sociétés et s’articulent à d’autres formes de dominations fondées sur la classe, la « race», la nationalité ou la culture, elles s’ancrent toutes dans cette institution, ce système. Encore aujourd’hui, dans de nombreux pays, le droit de la famille et le statut personnel octroient au mari et au père (au frère si besoin) tous les pouvoirs de décision sur les enfants et sur l’épouse, cette dernière restant une mineure à vie.
Si l’analyse des sociétés dans le monde nous permet d’appréhender comment, sous ses différents aspects – anthropologiques, sociologiques, économiques et culturels –, le patriarcat résiste aux changements, les formes de discours visant à le légitimer varient qu’il s’agisse d’analyses biologisantes ou psychologisantes, de références mythologiques ou religieuses ou encore coutumières.
C’est pourquoi même dans des sociétés qui ont aboli une législation familiale patriarcale et qui octroient une égalité théorique des droits, la culture patriarcale continue d’infuser en sorte qu’à chaque terrain conquis par les femmes, y compris dans l’accès aux métiers, correspond la création de domaines masculins fortement valorisés et presque exclusivement occupés par les hommes, tandis que les métiers occupés par les femmes sont dévalorisés. On parle aussi de «sexe du capital » renvoyant ainsi aux stratégies successorales et aux inégalités structurelles qu’elles entraînent. On voit aussi, sous l’impulsion d’une forte vague conservatrice, reculer le droit à l’IVG dans des pays supposés progressistes car le corps des femmes est et reste un enjeu politique.
Face à ces offensives, si le féminisme a « le vent en poupe », il n’en est pas moins traversé par de nombreux débats conceptuels et politiques qui créent de profondes divisions qu’il s’agisse des définitions du sexe et du genre, de la laïcité, du langage, du post et décolonialisme, de l’universalisme. En France comme dans d’autres pays d’Europe, les réponses insuffisantes aux violences sexistes et sexuelles comme à l’apologie de ces violences montrent que le sexisme n’est toujours pas reconnu dans nos sociétés à l’égal du racisme. La tolérance à l’égard d’une production pornographique incitative à la violence envers les femmes n’en est qu’un des exemples, nous invitant à revisiter nos concepts de liberté et de libération dans une approche résolument universaliste. L’égalité des droits entre hommes et femmes et son effectivité, ce n’est pas une égalité pour les femmes mais une égalité pour tous et toutes.