Autoroute A69: un rebondissement tardif

Joie pour les opposants, sidération pour les défenseurs, le 27 février, le tribunal administratif de Toulouse a rendu son verdict : le chantier de l’autoroute A69, devant relier Toulouse à Castres, est illégal et doit être arrêté sans délai. C’est une première car aucune juridiction n’avait encore annulé à mi-chemin un projet d’infrastructure d’une telle envergure.

Après 14 recours en référé rejetés, les magistrats ont en définitive décidé de suivre les conclusions de la rapporteuse publique – Mona Rousseau – requérant une « annulation totale » de l’autorisation environnementale. Nonobstant, l’État va faire appel de cette décision.

Pour la petite histoire

Depuis plus de trente ans le projet d’autoroute Castres-Toulouse est un « serpent de mer » qui ressurgit régulièrement sur le terrain politique. En 1989, il était tout d’abord question d’élargir la RN 126.

Puis en 1990, changement de cap, l’État décide de construire une autoroute, ce sera l’A 69. Mais neuf ans plus tard, comme rien ne bouge, les élus, en majorité favorables au projet s’impatientent et manifestent pour faire accélérer le dossier.

Il faudra attendre 2006 pour que l’autoroute soit actée sous l’influence du groupe  Pierre Fabre. Son PDG affirmait à l’antenne : « C‘est la seule réponse pour garantir la pérennité de l’entreprise Pierre Fabre à Castres ». C’est d’ailleurs en visitant les laboratoires Fabre en 2013 que François Hollande donnera l’impulsion décisive.

En 2018, Le Premier ministre Edouard Philippe prend un décret qui déclare le projet d’utilité publique ; le recours des opposants est perdu en Conseil d’État.

L’enquête publique qui se déroule du 28 novembre 2022 au 11 janvier 2023, montre une forte contribution avec une grosse majorité d’avis opposés.

Le 1er et 2 mars 2023, les préfets de la Haute-Garonne et du Tarn attribuent des autorisations environnementales pour la réalisation de l’autoroute A69 comprenant des dérogations à l’interdiction de porter atteinte aux espèces protégées et à leurs habitats. Le chantier débute, les 53 km sont concédés à la société Atosca.

Une longue bataille juridique s’ouvre le 19 juin : une coalition de 14 organisations dépose un recours sur le fond au tribunal administratif de Toulouse, contestant la validité de l’étude d’impact et l’argument selon lequel l’autoroute répondrait à « une raison impérative d’intérêt public majeur ».

En 2024,  plusieurs référés suspensions se sont succédés sans aboutir.

Coup de théâtre, le 25 novembre, la rapporteuse publique — un magistrat dont l’avis est souvent suivi par le juge — a émis un avis défavorable sur la légalité des autorisations environnementales du projet.  Au lieu de la suivre, les juges rouvrent l’instruction, permettant aux travaux de se poursuivre pendant que la justice enquête.

Malgré les nombreux recours en justice des opposants et actions sur le tracé, le concessionnaire aurait réalisé 300 millions de travaux (soit 65% du budget total du chantier) sur un budget prévisionnel de 450 millions d’euros.

Le 27 février 2025, c’est le recours principal, déposé le 19 juin 2023 qui a tranché, mettant un terme aux travaux.

Qu’est-ce qui a motivé le tribunal ?

Tout d’abord celui-ci rappelle que la dérogation en matière d’atteinte à l’environnement accordée par les préfets au projet de l’A69 n’est possible qu’à trois conditions : si le maintien des espèces protégées n’est pas menacé, s’il n’existe pas de solution alternative et si le projet répond à une raison impérative d’intérêt public majeur. Or, ce n’est pas le cas car les bénéfices économiques, sociaux et de sécurité publique du projet sont de portée limitée.

Par conséquent, le tribunal administratif déclare illégale l’autorisation environnementale : « Au vu des bénéfices très limités qu’auront ces projets pour le territoire et ses habitants, il n’est pas possible de déroger aux règles de protection de l’environnement et des espèces protégées ». Et données de l’INSEE à l’appui, le tribunal rejette ainsi l’argument du désenclavement : « Le territoire ne présente ni un décrochage démographique, en comparaison des autres bassins situés aux alentours de Toulouse, ni un décrochage économique ».

De plus le prix annoncé du péage ferait de l’A69 l’une des autoroutes les plus chères de France. « Le coût élevé du péage du projet A69 est de nature à en minorer significativement l’intérêt pour les usagers et les entreprises » selon le tribunal.

Encore trois ans de procédure ?

Le ministère des Transports a d’ores et déjà indiqué que l’État allait faire appel. Si la cour administrative d’appel rejette la demande de l’État, un ultime recours pourra être déposé devant le Conseil d’État.

Mais l’appel ne suspend pas la décision du tribunal administratif donc le chantier doit s’arrêter durant toute la procédure, sauf si l’État dépose un sursis à l’exécution du jugement. Ce qu’il a bien l’intention de faire. Si ce sursis est accordé, alors le chantier peut reprendre pendant l’examen sur le fond du dossier par la cour administrative d’appel de Toulouse. Dans quel délai ? « On ne le sait pas, la cour peut l’examiner quand elle le souhaite, dans quelques mois comme dans plusieurs années, voire jamais », indique l’avocat Arnaud Gossement.

Mais lorsque tous les recours seront épuisés, si l’arrêt du chantier est maintenu, que deviendront les kilomètres de route déjà terrassés, les terres agricoles dévastées, le paysage défiguré et les écosystèmes détruits ? Rappelons l’impact de ce projet en quelques chiffres : 820 personnes expulsées de leur terres et de leur maison, 366 hectares de terres agricoles détruites, 13 hectares de zones boisées, 200 arbres d’alignement centenaires abattus…

En délivrant une autorisation environnementale illégale, il semble que c’est l’État qui soit tenu pour responsable. C’est donc lui qui devra élaborer un plan pour démanteler les ouvrages et restaurer les espaces.

Un jugement qui fera date

En général, les grands projets d’infrastructure, une fois passé le cap de la déclaration d’utilité publique, arrivent habituellement à leur terme. Pour l’A69, le fait que le juge décide d’arrêter les travaux déjà réalisés à 70%, représente une victoire du droit environnemental ; du jamais vu dans la jurisprudence.

Malgré tout, on peut déplorer que le droit environnemental se soit construit après la procédure de déclaration d’utilité publique, permettant ainsi de commencer le chantier en bafouant ce droit. En jouant la politique du fait accompli, l’État prenait le risque que l’autorisation soit annulée.

Le dossier de l’A69 et la décision judiciaire historique nous incitent à envisager le droit de l’environnement dans le sens de la démocratie environnementale*.

A découvrir aussi ICI, un projet alternatif à celui de l’A69, projet innovant porté par le paysagiste et urbaniste, Karim Lahiani, accompagné par les opposants réunis au sein du collectif « La voie est libre ». Ce projet pionnier est basé sur une mobilité douce et interconnectée.

*La démocratie environnementale regroupe l’ensemble des processus permettant aux citoyen·ne·s, regroupé·es en associations ou non, d’accéder aux informations sur l’environnement, de participer à l’élaboration des décisions publiques impactant l’environnement et d’accéder à la justice pour défendre l’environnement.

Pour approfondir, voici un podcast de la série « Secrets d’Info » de France Inter dont le titre est « A69 : l’ombre de Pierre Fabre derrière l’autoroute » : cliquez ICI 

Coup dur pour le secteur de la solidarité internationale…

Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025, de nombreux secteurs font l’objet de coupures budgétaires. Parmi eux, les secteurs de la Culture, de l’Enseignement supérieur, de l’Écologie ou encore de l’Agriculture. Mais un autre secteur nous intéresse plus particulièrement ici puisqu’il est loin d’avoir été épargné pour « redresser les finances du pays » : celui de la solidarité internationale.

Plus du tiers du budget de l’APD – l’Aide Publique au Développement – a été sabré, soit au moins 2 milliards d’euros, une somme colossale dédiée au soutien à l’accès aux droits fondamentaux pour de nombreuses populations vulnérables dans le monde. Pourtant, c’est un secteur déjà en manque de moyens et loin d’être porté au-devant de la scène…

Décryptage sur cette coupe drastique réalisée par le ministère des Affaires étrangères dans une chronique de France Culture (5 min) à écouter ICI.

Par ailleurs, plus de 170 organisations ont signé une lettre ouverte à l’attention de Jean-Noël Barrot pour dénoncer cette coupe qui met grandement à mal le secteur dans lequel elles œuvrent. Voici le début de cette lettre :

Monsieur le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères,

Nous, associations de solidarité internationale, personnes salariées, bénévoles, volontaires, chercheurs et chercheuses, étudiantes et étudiants préoccupés par l’avenir, Françaises et Français attachés aux valeurs de solidarité, sommes choqués par votre projet de budget pour l’aide publique au développement en 2025. S’il était adopté, il acterait une dynamique de repli sur soi et un abandon irresponsable de la solidarité internationale.

Les coupes d’une ampleur inédite que vous proposez – 2,1 milliards d’euros, soit près de 40 % du budget de l’aide publique au développement – remettent en cause l’accès à des droits fondamentaux : la santé, l’éducation, l’eau, l’alimentation, la protection sociale et la nutrition. Vous sacrifiez également le soutien indispensable aux droits humains, à la société civile et à la lutte contre les inégalités, notamment celles qui touchent les femmes, les filles et les personnes marginalisées. Vous tournez le dos aux engagements français face aux crises climatiques et humanitaires qui exigent une réponse urgente et ambitieuse.

La lettre a été publiée dans le journal Libération, vous pouvez la retrouver ICI (dans son intégralité si vous êtes abonné).

Un témoignage du « Village international de l’eau » dans le Poitou

Nous vous partageons le témoignage d’une de nos adhérentes qui s’est rendue au « Village de l’eau » installé du 16 au 21 juillet 2024 dans la commune de Melle dans les Deux-Sèvres:

Convaincue que l’eau est un bien précieux dont il faut faire un usage raisonné et sobre, que sa gestion collective comme celle des autres ressources naturelles est un pilier de la transition écologique et du lien social, le principe des méga-bassines m’interrogeait. Originaire de la Beauce et sensible à la surexploitation des terres et à l’usage immodéré de pesticides, l’accaparement de l’eau – pourtant un « bien commun » – par une poignée d’intérêts privés soutenant ce modèle agricole lié à l’agro-industrie ne m’a pas laissé indifférente.

Lorsqu’en mars 2023 la mobilisation contre le projet de réserve d’eau artificielle de Sainte-Soline mobilisant près de trente mille personnes (entre 6 000 à 8 000 selon les autorités) a subi une féroce répression occasionnant deux cents blessés, j’ai voulu en savoir plus. Je ne me suis pas contentée du récit unique des médias de masse et des personnalités politiques. J’avais besoin d’entendre le vécu de ces femmes et de ces hommes qui au risque d’atteinte à leur intégrité physique et psychique avaient tenus à manifester malgré les interdictions (vous pouvez visionner le documentaire « Sainte-Soline, Autopsie d’un carnage » ICI

Un an plus tard lorsque le collectif Bassines Non Merci et les Soulèvements de la Terre (avec l’appui de 120 organisations co-déclarantes) ont annoncé l’organisation d’une rencontre internationale autour du thème de l’eau à moins d’une vingtaine de kilomètres de Sainte-Soline, c’était l’occasion pour moi de rencontrer celles et ceux qui se mobilisent et s’engagent aujourd’hui pour défendre les ressources de la planète et leur partage. L’opportunité de découvrir aussi leur créativité, leur inventivité pour de nouvelles formes de luttes mais aussi de les soutenir. Le programme de l’événement était d’ailleurs fort alléchant, militant bien sûr mais aussi très festif (pour voir le programme complet cliquez ICI).

Un village pas comme les autres

J’ai donc ressorti mon vieux sac à dos et ma tente canadienne, et me suis rendue au « Village de l’eau » accueilli par la commune de Melle. Cette commune des Deux-Sèvres connaît depuis plus de dix ans des épisodes de sécheresse qui imposent à ses résidents des restrictions – on comprend alors bien pourquoi l’eau est un enjeu primordial dans cette région, ses habitants savent pertinemment que l’eau est une ressource précieuse. D’ailleurs, saluons le courage du maire de Melle, Sylvain Griffault (élu en 2020 sans étiquette) et de ses conseillers qui malgré les nombreuses pressions (FNSEA, Coordination Rurale, politiciens …) ont gardé la volonté sans faille d’accueillir le rassemblement non-violent des opposants aux méga-bassines et à l’accaparement de l’eau au profit de l’agrobusiness. Selon les mots du Maire, c’est une façon de « faire pour que les espaces de démocratie restent vivants à un moment ou trop peu est dit ou fait pour qu’ils le demeurent ou pour qu’ils se développent ».

Arrivée en terre hostile

A l’approche de Melle, ce sont champs de céréales sans haie, ni forêt, balayés par le vent chaud et des parcs éoliens qui s’offrent à perte de vue. Puis, il faut affronter les nombreux barrages organisés par plus de 3000 policiers et gendarmes déployés pour l’événement. Le zèle des forces de l’ordre doit décourager les participants à venir au village de l’eau (fouille complète des véhicules, des sacs et saisies de divers objets inoffensifs) alors l’inquiétude monte: si comme certains, on me confisque mes piquets de tente où vais-je dormir ? Et si l’on me saisit ma gourde en métal ? Par chance, lorsque je rejoins à pied le Village de l’eau du parking improvisé en plein champ à trois kilomètres sous une chaleur harassante, les forces de l’ordre viennent de se déplacer.

Le village de l’eau, installé dans un îlot de verdure (au cœur de la vallée de l’Argentière), traversé par un ruisseau où vit la loutre, contraste avec les alentours immédiats. L’accueil y est chaleureux et les regards bienveillants. C’est une atmosphère détendue et joyeuse qui règne dans le village malgré la tension entretenue par le survol régulier de cinq hélicoptères et de dizaines de drone qui surveillent le village jour et nuit. Tout ce dispositif semble tellement disproportionné et surréaliste au regard de ce qui se vit réellement sur le site. Je n’y croise pas de prétendus « écoterroristes » mais des personnes de toutes générations confondues, d’origines sociales variées et de diverses nationalités qui sont réunies pacifiquement pour la même cause.

Des journées bien remplies

Avec des tables rondes, conférences, ateliers, formations, projections, balades naturalistes, concerts et spectacles, le programme de cette semaine est riche et divers. Les propositions sont toutes intéressantes et il est souvent difficile de faire son choix. Sans compter le temps dévolu aux rencontres et aux échanges très riches qui se font aisément dans la vie quotidienne du village et au sein des groupes de bénévoles réunis pour une même tâche (comme les corvées d’épluchage à la cuisine). Je m’attarde aussi dans les nombreux stands de collectifs et d’associations qui jalonnent le village. J’y découvre par exemple le travail de la Coordination Eau Île-de-France qui a transformé le paysage de l’eau en Île-de-France en soutenant un mouvement citoyen porteur de la création d’un certain nombre de régie publique dans de nombreuses communes. Ou encore, je consulte les publications à disposition sur les stands du média Reporterre, de l’Atelier Paysan ou celui d’Extinction Rébellion…

Les informations sont relayées très facilement sur le site et les journées sont aussi ponctuées par les appels à l’accueil collectif, joyeux et en musique, des nombreux convois à vélo qui arrivent des différentes régions de France. Je croise un couple du quatrième âge qui arrive de Bretagne à vélo. Incroyable ! La lutte multiplie les forces !

Le village est aussi le point de départ de deux jours de mobilisation à Saint-Sauvant dans la Vienne et à la Rochelle. Ces actions se veulent avant tout pacifiques et symboliques. Les cortèges à vélo ou à pied, ceux des tracteurs de la Confédération Paysanne sont lancés au rythme des fanfares et convergent vers des sites agro-industriels emblématiques. Ces actions de mobilisation peuvent être aussi poétiques et reflètent l’ingéniosité des militants comme ce lâcher de cerf volant larguant des lentilles d’eau au dessus d’une bassine.

En ce qui me concerne, je choisis de rester au village pour participer au fonctionnement du campement et préparer l’accueil du retour des manifestants.

Une dynamique d’autogestion

Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est l’incroyable efficacité de l’organisation horizontale du Village de l’eau qui a rassemblé jusqu’à 10 000 personnes par jour, le tout reposant uniquement sur la dynamique d’autogestion grâce à la participation de chacun à la vie du village. La préparation des repas végétariens complets servis midi et soir (prix libre) avec des temps d’attente réduits malgré l’affluence, la productivité des fours à pain mobiles de l’Internationale Boulangère Mobilisée, le roulement de l’entretien des toilettes sèches, le sourire des bénévoles des points infos, la disponibilité des soignants de la base soin, la mise à disposition aux étrangers ne maîtrisant pas le français de récepteurs de traduction simultanée pour les débats et conférences… Tout cela permettant un fonctionnement fluide du village et basé sur l’entraide et la bonne humeur.

J’ai aussi découvert la dimension internationale de la lutte pour la défense de l’eau. Des délégations internationales issues d’une vingtaine de pays différents (espagnoles, marocaines, mexicaines, chiliennes, colombiennes, palestiniennes, nord américaines, indiennes, brésiliennes, belges) étaient présentes et leurs représentants sont intervenus lors de tables rondes thématiques passionnantes.

Le village de l’eau c’est aussi, la gazette quotidienne très créative qui est publiée et distribuée chaque jour dans le village et une radio qui couvre les manifestations et diffuse pour ceux qui sont restés au village l’info en temps réel de ce qui s’y passe.

Et au-delà de cette logistique incroyable, ce que je retiens avant tout de cette expérience c’est que l’entraide et la solidarité sont les moteurs de la lutte contre les oppressions et que la lutte pour l’environnement est intersectionnelle puisqu’elle a des connections très fortes avec d’autres luttes – sociales, féministes, anti-racistes…

Enfin, lors de ces quelques jours de mobilisation collective, j’ai pu ressentir avec beaucoup de force que se mobiliser collectivement – et d’autant plus au sein d’un grand collectif comme celui réuni à Melle – est source d’une grande joie, alors même que les défis écologiques et sociaux auxquels nous sommes confrontés sont immenses. Pour moi la lutte est définitivement synonyme d’optimisme !

Pour en savoir plus, retrouver ICI le compte rendu jour par jour de l’événement par ATTAC ou encore sur la répression des actions, regarder la vidéo d’un journaliste de terrain ICI

Mais qui est donc Gérard Blanchet ?

Lors du 1er tour des élections législatives qui se sont tenues dimanche dernier à Gignac, Christophe Proença (NFP) et Gérard Blanchet (RN) sont arrivés dans un mouchoir de poche, séparés par une seule petite voix.

En 2022, il y a seulement 2 ans, le RN ne s’était pas qualifié pour le second tour, avec seulement (si l’on peut dire) 61 voix, contre 145 (soit plus du double) cette fois-ci.

Ce sont donc 84 nouveaux gignacois qui ont fait ce choix.

Mais connaissent-ils Gérard Blanchet ?

Si Christophe Proença est bien connu puisqu’il est le président de notre intercommunalité Cauvaldor et qu’il était même à Gignac le 15 juin dernier où il s’est exprimé à la tribune, monsieur Blanchet demeure un parfait inconnu, tellement inconnu qu’il n’a même pas jugé bon de faire paraître sa photo sur sa profession de foi !!!

Les informations sur lui sont maigres : il faut se reporter vers la presse régionale pour apprendre qu’ « il a exercé sa carrière professionnelle en qualité de manager de région ». Ainsi donc, aucune expérience politique, aucune expérience d’élu de terrain. En cherchant bien, on lui trouve un profil Facebook (pas de compte Twitter) avec 30 « amis », mais absolument aucune publication !

Quant à la page officielle de la fédération départementale du Lot du RN, elle est totalement vide. Même pas une adresse mail pour s’adresser au candidat !

Mais cela n’a pas empêché 145 gignacois de voter pour lui alors qu’ils n’en avaient probablement jamais entendu parler jusqu’à ces dernières semaines. C’est assurément un grand mystère…

Une enquête réalisée par le journal Libération montre que monsieur Blanchet est loin d’être le seul candidat « fantôme » du RN ; vous pouvez consulter cet article ICI.

Visiblement, l’épouvantail de la peur des extrêmes agité par certains médias et hommes politiques n’a pas découragé les électeurs d’extrême droite. Mais au fait, pourquoi parle-t-on « DES extrêmes » alors qu’il n’y a qu’une seule menace extrémiste, indubitablement à droite et que le ministère de l’intérieur et le Conseil d’État confirment régulièrement que le PCF et la France Insoumise sont des partis « de gauche » ? Ceux qui entretiennent ces amalgames et enfument les esprits sont sans nul doute aux abois.

Le magazine en ligne « The Conversation » a mis en ligne un autre article fort intéressant intitulé « Intolérance, violence : il n’y a pas d’équivalence entre extrême droite et extrême gauche ». Vous pouvez le lire ICI.

D’autres médias de masse sans aucun scrupule vont encore plus loin en opérant une véritable inversion des valeurs : l’extrême droite est normalisée et ne mérite plus son adjectif « extrême » tandis que « la gauche » devient le diable incarné. Parce qu’ils font partie de grands groupes dans la main de quelques milliardaires, ces empires médiatiques n’ont jamais été aussi influents sur la vie politique de notre pays. Soucieux de défendre les intérêts de leur dirigeants et ceux d’une toute petite classe d’ultra riches, ils ont mis en œuvre une véritable propagande au service de l’extrême droite sans cacher leur projet politique de longue date, à savoir l’union de celle-ci et de la droite. Sur ces chaînes, l’hystérie des commentateurs a remplacé l’analyse politique.

Et pour finir, une petite vidéo ICI qui montre l’incompétence de ces candidats RN (il faut se pincer pour y croire) dont certains vont finir par être élus (vous en trouverez beaucoup d’autres en scrollant la page).

Il ne reste que deux jours avant le deuxième tour pour peser l’enjeu de ce petit morceau de papier que l’on déposera dans l’urne.  Dimanche soir, il sera peut-être trop tard…

Le bureau de Gignac Ensemble.

Nuages noirs au-dessus de Gignac aussi

Comme presque partout dans le pays, les élections européennes de dimanche dernier ont vu à Gignac une large victoire des partis d’extrême droite, qui totalisent ensemble 38% des suffrages exprimés.

Le Lot, terre de gauche, cela semble bel et bien fini. Et « Ici on est bien, ici, on vit bien » aussi, car ce n’est manifestement pas ce qu’ont signifié ces électeurs.

On l’avait certes vu venir au fil des élections précédentes, depuis déjà une petite dizaine d’années, mais jamais à ce niveau-là (un peu moins de 26% à la présidentielle de 2022).

On inaugure samedi 15 le « cœur de village » avec comme invités l’ex-députée Huguette Tiegna, l’ex-candidat malheureux aux législatives Christophe Proença (arrivé 3ème de la triangulaire) et la présidente de la région Occitanie Carole Delga qu’on voit surtout en ce moment sur les plateaux télé.

Seront-ils tous là ? Rien n’est moins sûr.

Et aurons-nous le cœur à rire ? Pas certain non plus.

Le 25 c’est le feu de la Saint-Jean et le 29 la « fête du village » dans une formule resserrée.

Étrange mois de juin, porteur de beaucoup d’inquiétudes…

Le bureau de Gignac Ensemble.

Libre expression

Je ne sais pas si on a toujours le droit de donner son avis dans notre commune mais je ne serai pas présent le samedi 15 juin 2024 pour l’inauguration de la place du village.

Je suis conscient qu’il fallait redonner du « look » à la place du village mais sans pour autant en priver les gignacois. Depuis la fin des travaux cette place est toujours déserte, les habitants ne peuvent plus s’y garer, l’accès à l’église lors des enterrements est devenu compliqué et de plus elle ressemble souvent à une friche du fait qu’elle n’est pas entretenue régulièrement ! Je ne ferai pas de commentaire sur sa durée de vie ! L’accès côté nord avec un plot qui rentre dans le sol et un feu rouge semble complètement surréaliste à Gignac, petite commune rurale !

C’était un lieu où les gens pouvaient se croiser, se donner rendez-vous, se garer…

Plus de 800 000€, c’est plutôt cher payé tous ces inconvénients d’autant que l’attractivité des habitations du centre bourg va en pâtir !

Un adjoint m’a affirmé que toutes les habitations ont un parking à moins de 100m, sûrement mais dans la mesure où il y a des places. Et a-t-on pensé aux personnes âgées avec des difficultés de mobilité ?

Le rôle de l’élu n’est-il pas de se soucier de ses concitoyens ?

Un petit merci à l’ancien conseil municipal qui avait pris place en temps et en heure en prévision de bénéficier des avantages et du financement de l’opération cœur de village tout en laissant le soin à l’équipe suivante de l’aménagement.

Je dis tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, néanmoins je souhaite à tous ceux qui vont y participer une bonne inauguration dans l’espoir, qu’un jour, une équipe municipale redonne leur place aux habitants….

Faurel Jean Marc

Où est passé le grand débat ?

Vous vous en souvenez tous : lors de la crise des Gilets Jaunes, Emmanuel Macron lançait le « Grand Débat National » et demandait aux maires d’ouvrir, dans chaque mairie, un cahier de Doléances. Un exercice de démocratie directe qui n’avait pas été pratiqué depuis 1789 et qui fut fait notamment à Gignac, sous la mandature d’Eugène Labroue.

Tous ceux qui y ont participé s’en souviennent, ces débats furent riches dans le sens où un grand nombre de problématiques, locales, régionales ou nationales furent abordées. Car dès lors qu’on donne la parole aux gens de manière ouverte, les idées fusent, chacun a quelque chose à dire et est fier de pouvoir l’exprimer.

Toutes les interventions ont été retranscrites et synthétisées dans un document que vous pouvez retrouver ICI.

Parmi les choses à mettre en œuvre à l’échelon local, il avait notamment été indiqué : Un cahier « de propositions constructives » permanent pourrait être à la disposition des habitants et une réunion annuelle de débat pourrait être instituée.

A-t-on avancé depuis ou bien tout ça est-il tombé aux oubliettes de l’Histoire ? (car c’est tellement plus facile de ne rien faire).

Comme support à utile cette question, je vous invite à regarder l’excellent documenatire LES DOLEANCES d’Hélène Desplanques, d’une durée de 52 minutes et disponible gratuitement jusqu’au 5 mars sur la plateforme de France Télévision. Le lien de visionnage est ICI.

Synopsis du doc :

C’est un succès. 19 899 cahiers et plus de 200 000 contributions rédigées à la main sur les déserts médicaux, les transports, le logement, les petites retraites… Jamais publiés, jamais exploités, que sont devenus ces textes éminemment politiques ?
Pendant plus de deux ans, Hélène Desplanques a enquêté dans les archives départementales, à la recherche de ces textes et de leurs auteurs, afin de redonner une existence publique aux Doléances.
Avec Fabrice Dalongeville, maire d’Auger-Saint-Vincent dans l’Oise, elle est partie à la rencontre de ces anonymes et ces collectifs de citoyens qui se battent pour que ces textes soient enfin reconnus. De la Creuse jusqu’en Meuse, en Gironde et même jusqu’à l’Assemblée Nationale, ils ont sillonné le territoire avec un espoir tenace, faire publier les Doléances et rendre la parole à celles et ceux qui l’avaient prise en 2019 !

Extrait 1 :

 

Extrait 2 :

 

Une exposition exceptionnelle au musée des Abattoirs de Toulouse

Il ne reste que deux mois pour visiter l’exposition Le temps de Giacometti (1946-1966) aux Abattoirs. Cette ambitieuse rétrospective consacrée à Giacometti, artiste emblématique du XXème siècle s’achèvera le 21 janvier 2024.

Saisis par notre plongée dans l’univers singulier de l’artiste, voyage rendu possible par la pertinence du cheminement que nous offre la scénographie de l’exposition, nous ne pouvons que vous encourager à ne pas manquer cet événement.

De salle en salle, on découvre le travail protéiforme et les chefs-d’œuvre de ce grand maître du surréalisme. L’exposition se concentre sur la période après-guerre et les années 1950 élargies lorsque l’artiste devient célèbre.  La Fondation Giacometti s’est associé au musée et y contribue avec une centaine d’œuvres choisies de sa vaste collection.

Cette exposition immersive mêle sculptures, peintures, gravures, photographies mais également de nombreux documents d’archives; des clichés d’époques, des manuscrits qui mettent en lumière les liens que Giacometti avait tissés avec des intellectuels de son temps. Ce qui le rapproche de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Samuel Beckett ou encore Jean Genêt, ce sont les même préoccupations: la volonté de traduire « une condition humaine marquée par l’angoisse ».

Chaque salle offre au public une magnifique installation porteuse de sens. Dans la première, des petites sculptures sous cages de verre sont mises en perspectives avec des dessins réalisés sur les pages des revues Les Temps modernes ou Critique, on comprend comment le Giacometti existentialiste passe d’un support à un autre. Dans une autre, nous nous retrouvons dans l’intimité de son petit atelier de Montparnasse, rempli d’œuvres, grâce aux photos d’Henri Cartier-Bresson, de Man Ray, de Sabine Weiss…

Plus loin, la scénographie reprend une exposition de toiles, dessins et sculptures pensée par l’artiste lui-même à la galerie Maeght en 1951. Une autre salle est dédiée aux portraits peints et dessinés des années 1950, des toiles au caractère expressionniste dont les visages et les regards à la présence intense vous saisissent. Et parmi d’autres salles encore dont on a du mal à s’extraire, la reproduction du plateau de la représentation d’En attendant Godot de Samuel Beckett de 1961 avec la reconstitution de l’arbre sculpté par Giacometti.

Enfin, dans la nef du musée, magnifique salle aux dimensions imposantes, on retient son souffle en découvrant trois chefs-d’œuvre du sculpteur sous les voûtes de brique, dont la célèbre sculpture monumentale de L’homme qui marche.

Giacometti mais pas seulement

Dans le même temps, les Abattoirs présente également la collection de Daniel Cordier, donnée au Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou (Paris). Une exposition autour de celle du groupe surréaliste qui a eu lieu en 1959 à la galerie Cordier. Célébrant l’érotisme, elle a été imaginée par André Breton auteur du Manifeste du surréalisme (1924) et Marcel Duchamp.

Une pensée pour Marinette Cueco

Lorsque nous nous sommes rendus aux Abattoirs, le premier étage du musée accueillait encore des expositions d’artistes dans le cadre du festival de création contemporaine « Le Nouveau Printemps » qui s’est terminé le 12 novembre. Si nous revenons sur cet événement, c’est pour rendre un petit hommage à Marinette Cueco, artiste corrézienne qui vient de nous quitter à l’âge de 89 ans. Mais également parce que nous avons adoré la poésie de ses créations végétales et que nous resterons à l’affût des futurs événements qui les présentent.

L’artiste Marinette Cueco était une botaniste amateur érudite et décrivait sa pratique comme une continuité de la culture paysanne. La Corrèze était son terrain de recherche; c’est en marchant et par l’observation qu’elle cueillait son matériau de prédilection : le végétal. Par ses œuvres d’une apparente fragilité mais aussi d’une grande expertise, elle inventait une autre relation à la matière végétale. A travers son travail incroyablement patient et minutieux de tressage, de tissage, d’enroulement…, c’est aussi notre rapport au monde, au temps, à la nature et aux autres qu’elle continue d’interroger. Ne dit-on pas, tisser des liens, nouer une relation ?

On peut encore voir des œuvres de Marinette Cueco à la galerie UNIVER (6 cité de l’ameublement – Paris 11e) qui, suite à sa disparition, a décidé de prolonger jusqu’au 13 janvier 2024, l’exposition « Herbiers » qui lui est consacrée .

Voilà donc, pour les amoureux d’art, beaucoup d’émotion et de plaisir dont il serait dommage de se priver !

En savoir plus sur le musée des Abattoirs ICI

Festival « Résurgence », c’est reparti !

Comme chaque automne, Cauvaldor nous propose son festival « RESURGENCE ».

Il s’agit cette année de la 7ème édition et son titre est « Construction Vivante ».

Comme à chaque fois le programme est riche et varié et les lieux s’étendent sur tout le territoire.

Vous pouvez consulter et télécharger la brochure complète ICI.

 

 

Consultation publique sur les éclairages publicitaires dans les petites villes

En plein milieu de l’été le gouvernement consulte les citoyens pour la modification d’un article (R.581-42) du code de l’environnement qui permettrait l’installation d’écrans numériques publicitaires dans les petites villes.

Si une telle modification était actée, ce serait une grave atteinte, dans de nombreuses localités, à la qualité du ciel nocturne sans compter un gaspillage d’énergie insensé à l’heure où l’on nous demande justement de faire preuve de sobriété !

Bien entendu, j’ai personnellement voté « défavorable ».

Le lien pour donner son avis (pour ou contre) est ici : https://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=forum&id_article=2877

Attention, la consultation sera close le 10 août !!