Du nucléaire, vous en reprendrez bien quelques tranches ?

La centrale nucléaire du Bugey

Le 10 février dernier, le Président de la République a annoncé sa volonté de construire quatorze réacteurs EPR d’ici à 2050.

Pour justifier sa relance du nucléaire, le chef de l’État prétend s’être appuyé sur une lecture rigoureuse des experts. Mais il a écarté les analyses provenant de l’ADEME parce qu’elles ne vont pas dans le sens de l’atome à tout-va. Et il se joue des rapports RTE.

Dans son discours, M. Macron a prétendu se fonder sur « ce qu’expliquent les experts », assurant les avoir « lus rigoureusement ». En fait, le président de la République a eu une lecture très sélective…

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Penser l’émancipation avec Jacques Rancière

En cette période pré-électorale agitée et plutôt singulière, il est intéressant de prendre du recul et de se tourner vers les philosophes qui ont une approche autre des phénomènes qui traversent notre société.

A 81 ans, le philosophe Jacques Rancière, penseur infatigable de l’émancipation, continue à creuser avec obstination le sillon d’une philosophie politique autour des thèmes de la démocratie et de l’égalité. Sa philosophie de l’émancipation est définie dans un article de Philosophie magazine comme « celle de la participation de tous à l’exercice de la pensée, et donc au gouvernement de la cité. Contre les nouveaux ennemis de la démocratie, ces intellectuels qui prétendent détenir la Vérité, Jacques Rancière se bat pour l’abandon de la traditionnelle distinction entre savants et ignorants. » Pour lui tous les hommes sont à même de philosopher, de penser et de faire émerger d’autres mondes possibles.

Penser l’émancipation

Dans ses nombreux ouvrages (plus de 30 livres) le philosophe bouscule les idées reçues. Son approche des notions de démocratie, d’égalité et de politique redonne du sens, voire une essence à ces concepts alors qu’ils nous échappent toujours davantage tant ils débordent d’interprétations dans les multiples usages qu’en fait notre société ultra médiatisée. Ce qui est étonnant, c’est de voir à quel point les travaux même les plus anciens du philosophe restent toujours d’actualité. Nous connaissons tous la source grecque de la démocratie mais dans son livre « Aux bord du politique » en 1998, il nous rappelle que le démos grecque, avant d’être le nom de la communauté toute entière, était le nom d’une partie de cette communauté: les pauvres, au sens de ceux qui n’étaient pas comptés, de ceux qui n’avaient pas droit à la parole. Or, pour Jacques Rancière, le processus démocratique advient justement lorsque ceux qui sont hors champ, qui n’ont pas droit à la parole surgissent sur la scène politique : « la démocratie est l’institution même de la politique ». Et il oppose, politique et logique gestionnaire, logique dominante dans le sens que c’est « aux bords du politique » dans  l’expression de l’émancipation que ce produit le mouvement qui instaure la politique.

Déclarer les individus égaux ne suffit pas à instaurer la démocratie

Pour qu’il y ait démocratie, « il faut qu’il y est encore cette puissance du démos ». La démocratie n’est pas un lieu pacifié mais un processus de remise en question, une mise en mouvement, un renouvellement incessant. Or, si la démocratie est face à une impasse, il faut remonter à ses origines au 6ème siècle avant J.C grâce aux réformes de Clisthène qui mit en place « un ordre artificiel de la communauté ». Il s’explique dans l’émission « A voix nue » sur France Culture en 2011: « L’idée normale de la communauté, c’est qu’il y a des supériorités déjà existantes qui définissent automatiquement des infériorités, c’est-à-dire s’il y a des savants, il y a des ignorants, s’il y a des parents, il y a des enfants… Et la communauté, c’est aussi un peu la logique policière, la communauté est censée être son organisation comme la conséquence d’une supériorité déjà existante. Qu’est-ce-que vient faire la démocratie là-dedans ? La démocratie, c’est justement instituer comme un supplément et un supplément incroyable, invraisemblable, à savoir un pouvoir qui n’est le pouvoir de personne en particulier, qui n’est le pouvoir d’aucune supériorité déjà existante. »

Le consensus nuit à la démocratie

Pour Jacques Rancière, la notion de dissensus s’oppose à l’ordre policier qui est un ordre « consensuel » : « Le dissensus commence quand ceux qui ne parlent pas d’habitude se mettent à parler au sens le plus fort. Et ça, c’est quelque chose qui se passe, qui s’est répété constamment à toutes les avancées démocratiques dans l’histoire. » Il insiste sur ce qu’est la politique, fondamentalement, c’est « être à une place où on ne doit pas être » et il cite des exemples comme la militante féministe Jeanne Deroin, candidate aux législatives de 1849, ou encore Rosa Parks qui initia le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Tandis que le consensus tend à faire disparaître le fondement de la politique, les sujets politiques émergent quant à eux dans la manifestation de leur désaccord. Avec la fin des idéologies, la politique s’est confondue avec le processus policier et s’est flanquée de sa nouvelle rationalité économique. Mais au lieu de donner place à une certaine pacification, on vit réapparaître l’archaïsme politique : « ce qui apparaît sur le devant de la scène ce n’est pas la modernité sans préjugés, mais le retour du plus archaïque, de ce qui précède tout jugement, la haine nue » de l’autre. Et il associe la montée en puissance de l’extrême droite au refus radical de la politique.

La résurgence du discours antidémocratique en France

Dans son livre La Haine de la démocratie, le philosophe cherche à comprendre pour quelles raisons une élite intellectuelle, relativement privilégiée au sein d’États dits « démocratiques », en est arrivée à un tel mépris et une telle haine pour le principe de démocratie. Sa thèse principale est qu’il existe une confusion sur le terme de démocratie. Il nous rappelle que le premier grand critique de la démocratie c’est le philosophe grec Platon qui dénonçait l’individualisation des mœurs qu’apporte la démocratie. Depuis, la critique n’a pas évoluée : pour les intellectuels et hauts représentants de l’Etat, la démocratie enlève toute limite aux peuples et menace le bien commun. Il n’y a plus de distinction entre ceux qui ont le pouvoir de prendre les bonnes décisions, qui ont le savoir, et le reste de la population. L’auteur voit aussi dans cette critique une haine de l’égalité. Pour les penseurs marxistes, « la démocratie, c’est le règne du consommateur, du consommateur individualiste qui s’occupe de son bon plaisir » au détriment des valeurs collectives.

La démocratie n’est pas une forme de gouvernance

Jacques Rancière définit la démocratie comme un principe au-dessus de l’État tout en constituant des pratiques en dessous de celui-ci: à la fois principe d’égalité indispensable entre les humains et à la fois la pratique qui consiste à remettre en cause le statu quo imposé par les élites gouvernantes. La haine de la démocratie résulte d’une mauvaise compréhension de ce concept, et les maux de civilisation (atomisation de la société, montée de l’individualisme, populisme, etc.) qu’on lui attribue sont en fait la preuve de sa vitalité. Pour le philosophe, système électoral représentatif (suffrage universel) et démocratie ne vont pas ensemble. Ce suffrage a une nature double : d’un côté, il donne la possibilité d’élire n’importe qui, et en cela stimule raisonnablement les tendances démocratiques de la population ; mais d’un autre côté, il assure surtout la reproduction d’oligarchies dominantes. Ces oligarchies au pouvoir tentent de dépolitiser la sphère publique, de la privatiser. Le fait de remettre en cause cette démarcation est une manifestation de vie politique et démocratique. Dans une interview accordée à la chaîne web MatriochK, il rappelle que la présidence de la République élue a été mise en place par les monarchistes en 1848 dans le but de faire contre poids à une forme d’agitation populaire « malsaine » tout en escomptant que ce système allait ramené la monarchie et il conclue « la démocratie, c’est le tirage au sort, pas l’élection ».

Jacques Rancière vient de publier : « Les trente inglorieuses » à la Fabrique Editions. A cette occasion, il a accordé une interview très intéressante à la journaliste Aude Lancelin, fondatrice du média libre et indépendant Quartier Général, visionnable ICI

Le bétisier de la pandémie

Nous sommes encore au mois de janvier, les bêtisiers sont donc toujours d’actualité.

Maxime Combes est économiste et l’une des figures d’Attac France, où il suit les grands enjeux environnementaux et énergétiques nationaux et mondiaux. Il est également engagé dans « Basta » et « Mouvements ». Il est coauteur de l’ouvrage publié par Attac, « La Nature n’a pas de prix » et de « Crime climatique stop ! ».

Et aussi, de l’autre côté de l’échiquier politique, cet article du Figaro de Mayeul Aldebert qui détaille les errements gouvernementaux de la gestion de crise.

Pandémie, tous les avis sont bons à écouter

Je vous retranscris ci-dessous un long billet que Jean-Pierre Luminet (astrophysicien de réputation internationale, spécialiste des trous noirs et de la cosmologie) a publié récemment sur son compte Facebook.

Sans nécessairement partager l’intégralité de son analyse, ce billet vaut qu’on prenne le temps de le lire dans son entièreté.

Il y a quelques jours j’ai conduit mon véhicule dans un centre de contrôle technique, afin renouveler le « pass » périodique obligatoire mis en place dès 1992 sous directive de la bien-aimée commission européenne, et permettant de circuler à peu près tranquillement durant deux ans sans se faire verbaliser par les bien nommées « forces de l’ordre » pour un pneu légèrement usé ou quelque essuie-glace un tantinet voilé.
Ayant eu la bonne idée de quitter récemment l’encombrée métropole marseillaise pour m’installer dans la campagne provençale, tout – ou presque – y devient plus facile. Ledit centre de contrôle est lui-même situé dans la campagne, près de la bourgade de Saint-Andiol : un simple coup de fil, on vous répond tout de suite et il n’y a aucune attente pour prendre rendez-vous.
Le jour dit j’entre donc dans la petite échoppe. Il n’y a personne sinon le préposé, lequel ne porte, sainement dirais-je, pas de masque. Vous connaissez ma position sur la question et vous pensez bien que, dès lors que cela ne dérange pas autrui, je n’allais pas plaquer sur mon museau ce que j’ai toujours considéré comme une aberration sanitaire, et je laisse mes clés de voiture au préposé pour aller faire une promenade.
Trois quarts d’heure plus tard je reviens pour le diagnostic. Cette fois un autre client est présent dans la pièce : une femme, masquée. Elle me lance un regard réprobateur et m’enjoins de mettre mon masque. Je lui réponds poliment que je ne pense pas que cela soit nécessaire : moi-même scientifique, je me suis renseigné sur la question auprès de sources crédibles, et hormis en salle de chirurgie il appert que le masque porté partout et en permanence n’est pas bon du tout pour la santé ; ce n’est en réalité qu’un dispositif vestimentaire permettant au pouvoir de s’assurer du degré d’obéissance de la population. La cliente me répond qu’elle ne veut rien savoir de tout cela et que je dois mettre le masque parce que c’est obligatoire. Je lui réponds que ce qui est obligatoire n’est pas forcément pertinent. De plus en plus énervée elle me rétorque qu’elle a eu le COVID. Je m’apprête donc à lui expliquer qu’a fortiori et en toute logique elle est parfaitement immunisée et ne doit plus avoir aucune crainte d’être contaminée. Mais avant que j’ouvre même la bouche je vois une lueur de panique s’allumer dans son regard, elle prend soudain son sac et quitte la pièce … en courant !

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“Le Système B” : le documentaire choc de RSF sur le système Bolloré

L’homme d’affaires Vincent Bolloré ne cesse d’étendre son empire médiatique en recourant à des méthodes brutales. Reporters sans frontières (RSF) diffuse un court documentaire sur son système de contrôle de l’information, « Le Système B ». Pour enrayer cette mécanique d’emprise et d’intimidation exercée sur les journalistes, RSF formule des recommandations.

Ce documentaire, produit par RSF et diffusé le 14 octobre sur les réseaux sociaux, est une série exclusive de témoignages de journalistes sur les méthodes utilisées par l’homme d’affaires Vincent Bolloré dans le paysage médiatique. En 15 minutes, 11 témoins décrivent la mécanique d’emprise et d’intimidation mise en place par Vincent Bolloré lorsqu’il prend le contrôle d’un média ou lorsque des journalistes enquêtent sur ses activités industrielles. Ces pratiques représentent un véritable danger pour la liberté de la presse, mais aussi pour la démocratie.

Les protagonistes s’expriment à visage découvert malgré les risques de harcèlement judiciaire, que le système Bolloré pratique volontiers. RSF a réuni d’anciens journalistes du groupe Canal+ et d’Europe 1, dont Patrick Cohen et Pascale Clark, qui ne s’étaient jamais exprimés publiquement sur le sujet. Des journalistes d’investigation comme Tristan Waleckx (France Télévisions) et Benoît Collombat (Radio France) dénoncent les procédures utilisées par le groupe Bolloré pour réduire les journalistes au silence.

Leurs témoignages sont complétés par l’éclairage des auteurs du livre d’enquête Vincent tout-puissant, Jean-Pierre Canet et Nicolas Vescovacci, ainsi que celui d’Isabelle Roberts, cofondatrice du site Les Jours et co-autrice de la série L’Empire, qui décrypte l’univers médiatique impitoyable de Vincent Bolloré.

Comme quoi, maîtriser l’information et pouvoir ainsi réduire ses adversaires au silence, c’est éminemment politique.

Pour visionner ce doc, cliquez dans l’image !

Parc Delmas de Souillac : le massacre ou l’art de dilapider les deniers publics

Nous reproduisons ci-dessous le début d’une tribune du Collectif citoyen de Souillac, illustré de nombreuses photos : l’article complet est ici.

Inutile de faire de longs commentaires, les photos parlent suffisamment et j’ai pu constater de visu qu’il s’agit ni plus, ni moins que du massacre d’un espace encore quelque peu naturel (combien de magnifiques arbres abattus pour l’instant ?) sous prétexte de « restauration hydromorphologique du cours d’eau » et de valorisation « des milieux aquatiques et du patrimoine hydrologique ».

N’est-ce pas là se moquer du monde, jeter de la poudre aux yeux des citoyen(ne)s en brandissant des termes scientifiques que seuls les spécialistes maîtrisent alors qu’il s’agit tout simplement d’une médiocre opération de petit prestige ? Car, on le voit bien, tout cela est inutile et, s’il vous paît, combien cela coûte-t-il au contribuable ? En outre, il serait approprié que nos « scientifiques » chiffrent l’empreinte carbone, autrement dit nous fassent part de la mesure des émission de gaz à effet de serre générées par cette activité, mesure que soucieux de la santé de leurs concitoyen(ne)s ils n’auront pas manqué d’effectuer. Merci.

Faire payer le Lot pour construire la ligne TGV Bordeaux – Toulouse, on marche sur la tête !

Tel est le cri d’indignation de Francesco Testa, conseiller départemental du Lot, membre d’Europe Écologie les Verts. Il s’explique.

La ligne POLT (*) doit être une priorité absolue et exclusive de notre territoire car elle est vitale pour son avenir. Il faut que la rénovation de cette ligne soit reconnue d’intérêt national sur toute sa longueur de Paris à Toulouse. Or la priorité de notre Région n’est pas cela. On relance le TGV Bordeaux -Toulouse et ironie du sort, on demande au département du Lot, au nom de la solidarité, de verser une somme supérieure à 20 millions d’euros. C’est absurde car en d’autres termes, on paye pour contourner notre territoire. Mais accrochez-vous, il faudra verser de l’argent au nom de cette même solidarité pour Bordeaux – Dax. Mais pourquoi s’arrêter en « si bon chemin », versons aussi une somme pour le TGV Marseille – Nice. Le TGV a pour rôle exclusif de relier les métropoles régionales à Paris. Et ne nous faisons pas d’illusions, la prochaine priorité de notre Région dans les décades à venir sera Toulouse – Montpellier et la boucle sera bouclée.

La suite de l’article est ici : https://actu.fr/politique/faire-payer-le-lot-pour-construire-la-ligne-tgv-bordeaux-toulouse-on-marche-sur-la-tete_45842120.html

(*) POLT = Paris-Orléans-Limoges-Toulouse

 

 

Méthanisation dans le Lot : le grand emmerdement (*)

(*) C’est le titre de la tribune publiée dans Reporterre par « Les Amis du Lot » dont le lien vous sera donné en fin d’article

La multiplication des projets de méthaniseurs dans le Lot révèle pour les auteurs de cette tribune la volonté de transformer des régions entières en décharges absorbant les déchets de la société industrielle. Il faut selon eux stopper cette « valorisation du territoire » qui met en danger son eau potable et ses habitants.

En automne 2017, l’entreprise Bioquercy installait à Gramat, dans le Lot, une unité de méthanisation après que l’enquête publique qui devait précéder ces travaux se soit opportunément déroulée du 18 juillet au 19 août 2016, alors que la majorité des habitants étaient en vacances.

Bénéficiant de subventions publiques d’un montant de 2,9 millions d’euros, de l’aide de la région, de la préfecture et de l’accord tacite de la commune de Gramat et du bien nommé Parc naturel régional des causses du Quercy, l’usine s’est imposée malgré l’inquiétude de la population. Elle traite aujourd’hui 65 000 tonnes de déchets par an, issus d’élevages industriels appartenant à la Quercynoise, coopérative d’élevage et de production de foie gras.

Abeilles mortes et sales odeurs

Depuis son installation, cette usine engendre nombre de nuisances. Des odeurs nauséabondes ont pu se faire sentir jusqu’à deux kilomètres autour du site, provoquant des malaises chez certaines personnes. Un article du Monde du 29 janvier 2019 rapporte les propos d’un apiculteur ayant constaté une forte mortalité de ses abeilles quelques jours après un épandage de « digestat », ainsi que des mortalités de vers de terre les jours suivants sur les parcelles épandues.

Pour lire la suite de la tribune, c’est ici : https://reporterre.net/Methanisation-dans-le-Lot-le-grand-emmerdement

Nuisances sonores à Gignac : un témoignage

Une de nos adhérentes nous a alertés récemment sur des troubles de voisinage qu’elle subit régulièrement. Nous sommes allés la rencontrer.

Photo d’illustration

Quels sont ces troubles de voisinage dont tu veux nous parler ?

Il s’agit d’aboiements répétitifs de chiens en pleine journée qui m’empêchent de mener la vie normale qu’on est en droit d’attendre à Gignac. Il s’agit bien de nuisances insupportables, pas de chant du coq ou de cloches d’église dont on entend parfois parler dans les journaux et qui sont habituels à la campagne.

Quelles démarches as-tu entreprises ?

Je suis tout d’abord allée voir mes voisins qui possèdent ces chiens pour essayer de nous arranger à l’amiable. Je leur ai proposé qu’ils leur mettent des colliers anti-aboiements ou bien qu’ils aillent voir un comportementaliste pour animaux, puisqu’il y a d’autres chiens dans le voisinage qui se tiennent parfaitement tranquilles même quand leur maître est absent.

Qu’est-ce que cette démarche de conciliation a donné ?

Rien du tout, absolument rien.

Et donc qu’as-tu fait ensuite ?

Je leur ai envoyé des courriers recommandés avec avis de réception en leur précisant que c’était devenu invivable pour moi et pour les personnes que je reçois et en leur demandant d’agir au plus vite.

Et cette fois-ci, ça a marché ?

Pas davantage.

J’ai alors  téléphoné à 2 adjoints à la mairie, je leur ai laissé un message, mais aucun ne m’a rappelé.

Devant ça, j’ai effectué un dépôt de plainte à la gendarmerie, plainte qui a été enregistrée par le procureur de la république, et j’en ai envoyé une copie à la préfecture et à la mairie de Gignac.

Madame la Maire est finalement venue me voir le 26 août. Je lui ai exposé précisément la situation et je lui ai rappelé ses pouvoirs de police. Elle m’a dit qu’elle me rappellerait pour me faire un retour, mais elle ne m’a jamais recontactée.

Quelle est la situation aujourd’hui ?

J’ajoute qu’une vacancière qui était chez moi a envoyé une lettre pour se plaindre elle aussi parce que ses vacances ont été gâchées par ces nuisances. J’ai envoyé une copie de ce courrier à la gendarmerie, au procureur et à la préfecture.

Je ne sais pas si c’est à cause de ça, mais il y a eu une accalmie ces derniers temps. Mais je crains qu’elle ne soit de courte durée.

Pourquoi ?

Parce que quand je suis retournée voir les propriétaires des chiens en question pour essayer de « faire la paix », je me suis fait copieusement insulter et j’ai ensuite reçu des appels téléphoniques malveillants jusque dans la nuit. D’ailleurs, j’ai rappelé la gendarmerie.

Et ce n’est pas tout !

C’est-à-dire ?

C’est-à-dire qu’il y a quelques jours, j’ai eu des saccages sur ma maison : j’ai dû faire changer les serrures qui étaient remplies d’une sorte de goudron ; je ne peux pas m’empêcher de faire un lien.

Dans quel état d’esprit es-tu aujourd’hui ?

Je suis au bout du rouleau. D’ailleurs je dois rencontrer l’inspecteur du travail prochainement car je suis à 2 doigts de demander un arrêt maladie.

Je suis scandalisée parce que la mairie ne fait rien pour protéger sa population et rien contre ces délinquants alors que la loi lui donne les pouvoirs de police nécessaires. Quand on demande du secours, ils ne sont pas là.

Cela fait près de 50 ans que j’habite à Gignac, et franchement je n’ai même plus envie de rester ici.

Interview réalisée le 20 septembre.

 

Cette problématique des nuisances dues aux aboiements de chiens est largement documentée dans les magazines spécialisés comme « La gazette des communes »,  « La vie communale »  ou même la DRASSE.

En voici un exemple :

JO AN – JO SÉNAT

26.06.2019

Chiens. Nuisances. Pouvoirs du maire

Aux termes de l’article R 1334-31 du code de la santé publique : « aucun bruit particulier ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé, qu’une personne en soit elle-même à l’origine ou que ce soit par l’intermédiaire d’une personne, d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité ». Les articles R 1337-6 et suivants du même code prévoient ainsi plusieurs incriminations destinées à lutter contre les bruits de voisinage, que le maire peut constater en sa qualité d’officier de police judiciaire.

En outre, les articles L 211-11 et suivants du code rural et de la pêche maritime prévoient les cas dans lesquels le maire peut intervenir face à des animaux susceptibles, compte tenu des modalités de leur garde, de présenter un danger pour les personnes. En fonction des circonstances, le maire peut ainsi prescrire au propriétaire de l’animal de prendre les mesures de nature à prévenir le danger, placer l’animal dans un lieu de dépôt adapté ou, dans les cas les plus graves, faire procéder à son euthanasie.c

Enfin, en application de l’article L 2212-2 du CGCT, il appartient au maire de prendre les mesures nécessaires pour faire cesser les troubles à l’ordre public, et notamment à la tranquillité et à la sécurité publiques. Ces mesures, qui doivent être proportionnées à leur nécessité et qui ne sauraient présenter de caractère général et absolu, pourraient par exemple prendre la forme de prescriptions imposées aux propriétaires de chiens afin que leurs aboiements répétés ne soient pas générateurs de troubles à la tranquillité publique. Ces pouvoirs de police dont dispose le maire, fondés sur la dangerosité des animaux ou les troubles à l’ordre public qu’ils sont susceptibles d’occasionner, s’exercent indépendamment du nombre de chiens détenus et de la réglementation relative aux installations classées pour la protection de l’environnement applicable aux détenteurs de plus de 9 chiens (JO Sénat, 23.05.2019, question n° 09126, p. 2744).

Lac du Tolerme : « Les clés du camion et propos sur ceux qui le conduisent ! »

Nous vous donnons à lire un nouvel article, publié le 9 septembre sur le site de Mediapart par Edmond Kober.

Cet article fait suite à la réunion publique qui a eu lieu le 1er septembre.

Lien vers l’article: https://blogs.mediapart.fr/edmond-kober/blog/090921/les-cles-du-camion-et-propos-sur-ceux-qui-le-conduisent