Une initiative singulière fait son chemin : celle de la foncière Antidote. C’est un fonds de dotation qui permet d’habiter sans posséder, de quoi favoriser les communs et l’expérimentation, et une expérience de ce type a déjà vu le jour dans le Lot.
On le sait, la propriété́ privée dans un système capitaliste et productiviste exacerbe la valeur marchande au détriment de la valeur d’usage.
Mais ce droit a déjà été questionné. Citons Jean-Jacques Rousseau dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : “Ceci est à moi”, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, de misères et d’horreurs n’eut épargné celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, aurait crié à ses semblables : “Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne”. »
Peut-on imaginer une manière d’habiter sans posséder ?
C’est la tâche à laquelle s’attelle la foncière Antidote, en cherchant à neutraliser la partie la plus nocive de la propriété́, « l’abusus ». Si l’on prend l’exemple d’un arbre, l’usus donne le droit de dormir sous son feuillage, le fructus celui de manger ses fruits, et l’abusus le droit de le couper. Appliqué à un lieu collectif, neutraliser l’abusus revient donc à le sortir du marché́ afin qu’il ne puisse être vendu. Pour cela, la propriété en est confiée à un fonds de dotation, ici la foncière Antidote. Par le biais de baux emphytéotiques, elle va déléguer aux usagers tous les droits d’un propriétaire, sauf celui de vendre.
Cet article est issu de plusieurs articles de fond du magazine en ligne Reporterre. Voici 3 liens pour approfondir, avec notamment l’expérience lotoise de Clayrac :